28 décembre, Saints innocents martyrs, évangiles d'Otton III
Une petite avant-garde
L’Eglise vénère ces Innocents comme martyrs des premiers siècles, car arrachés à la vie peu après la venue au monde du Christ, et en fait mémoire aux environs de Noël. Par la volonté de Pie V la célébration a été élevée au rang de fête. Prudence, poète qui a vécu au IV siècle, dans l’hymne de l’Epiphanie du Liber cathemerinon les définit «flores martyrum», fleurs des martyrs, déracinées par le persécuteur de Jésus Christ, comme tant de tendres bourgeons». «Les enfants, sans le savoir, meurent pour le Christ, et les parents pleurent les martyrs qui meurent. Le Christ fait ses témoins ceux qui ne parlent pas encore», explique dans un sermon l’évêque saint Quodvultdeus. Et il poursuit: « O merveilleux don de la grâce! Quels mérites ont-ils eu ces enfants pour remporter la victoire de cette manière? Ils ne parlent pas encore et déjà ils confessent le Christ! Ils ne sont pas encore capables d’affronter la lutte, car leurs membres sont encore inermes, toutefois ils portent en triomphe la palme de la victoire». En somme, les Saints Innocents sont la petite avant-garde de l’armée de martyrs qui ont témoigné et continuent de témoigner avec leur sang leur appartenance au Christ, créatures qui ont écrit tout de même la première page de la longue liste des martyrs chrétiens.
Les innocentes victimes d’hier et d’aujourd’hui
Pour la tradition chrétienne occidentale l’épisode évangélique des Saints Innocents Martyrs est un exemple typique de ce que la soif de pouvoir peut pousser à des délits atroces. Les enfants de Bethléem sont en effet victimes de la haine impitoyable d’Hérode contre qui aurait pu contraster ses plans de puissance et de domination. Sur ce thème, et sur l’histoire des enfants de Bethléem, au cours des siècles, des œuvres d’art variées ont été réalisées. En 2016, justement, le jour de la fête des Saints Innocents, le pape François a adressé aux évêques une lettre les exhortant à « écouter la lamentation et les pleurs de tant de mères, de tant de de familles, pour la mort de leurs enfants, de leurs enfants innocents»: c’est le même « gémissement de douleur des mères qui pleurent la mort de leurs enfants innocents face à la tyrannie et à l’avidité effrénée de pouvoir d’Hérode». «Un gémissement, a écrit le pontife, que nous pouvons encore aujourd’hui continuer à entendre, qui nous touche notre âme et que nous ne pouvons pas et ne voulons pas ignorer ni faire taire».
D’où l’invitation du Pape aux évêques du monde entier pour qu’ils protègent l’innocence des petits «des nouveaux Hérode de nos jours», qui la phagocytent et la brisent «sous le poids du travail clandestin et de l’esclavage, sous le poids de la prostitution et de l’exploitation. Innocence détruite par les guerres et par l’émigration forcée». Au même moment le Pape a aussi recommandé l’écoute des pleurs et des lamentations de l’Eglise qui demande pardon et «pleure non seulement face à la douleur causée aux plus petits de ses enfants, mais aussi parce qu’elle est consciente du péché de certains de ses membres: la souffrance, l’histoire et la douleur des mineurs qui ont été abusés sexuellement par des prêtres».
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